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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/312

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Ce n’est pas un parti démocratique opposé au parti aristocratique des Sadducéens. S’il a eu cette apparence, ce fut par suite de circonstances qui se sont modifiées sans qu’il cessât d’être ce qu’il était essentiellement.

Ce n’est pas un parti de nationalistes farouches en face d’un parti disposé à pactiser avec l’étranger. Quelques Pharisiens ont pris cette attitude, mais parce qu’ils l’ont crue commandée par le principe supérieur qui les guidait. Les francs nationalistes ont été les partisans des Asmonéens, puis les Zélotes.

Ce n’est point une école philosophique, en dépit de quelques termes de Josèphe et de l’analogie qu’il relève avec les Stoïciens, pour prouver aux Romains que les Juifs, aussi bien que les Grecs, avaient cultivé la philosophie.

C’est un parti purement religieux, la religion étant d’ailleurs nationale ; ce fut toujours sa force, ce fut son honneur, le secret de son influence persévérante, à peine entamée de nos jours parmi les Juifs.

Nous voudrions les définir une association qui se flattait de connaître plus exactement que quiconque la loi de Dieu, dans son texte et dans sa tradition, organisée pour la pratiquer plus ponctuellement, et pour l’imposer aux autres.

Nous les avons rencontrés d’abord au temps de la persécution syrienne. Ils formaient un groupe nommé les Assidéens, c’est-à-dire les personnes pieuses, fidèles à leur foi israélite et à la Loi. C’est parmi eux que Judas Macchabée recruta ses meilleures troupes luttant héroïquement pour la cause de Dieu. Ils crurent que cette cause était sauve lorsque les Syriens leur donnèrent pour grand prêtre Alcime, et ne voulurent plus combattre au nom des seuls intérêts de l’indépendance nationale. Détrompés, ils se reprirent et de nouveau se mirent au service de Judas.

C’est sous Jonathan qu’ils apparaissent dans Josèphe avec le nom de Pharisiens. Car ce sont bien les mêmes, personne n’en doute. Pourquoi ce changement de nom, et que s’était-il passé ?

Le texte de Josèphe[1] est une véritable parenthèse sur les trois sectes des Juifs, et pourtant elles ne figurent pas dans l’histoire de ce temps, même dans son ouvrage. Les livres des Macchabées ne parlent pas des Pharisiens. Nous concluons que le renseignement de Josèphe est antidaté dans sa précision. Les Pharisiens naissent, mais leur personnalité n’a pas encore été reconnue.

C’est sous Jean Hyrcan seulement qu’ils entrent en scène, avec leur caractère distinctif : les Pharisiens ont imposé au peuple « comme venant de la succession des pères, des points de droit qui ne sont pas inscrits dans

  1. Ant., XIII, v, 9.