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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/441

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pas un esprit religieux habitué à l’analyse psychologique du bien et du mal, transposant dans le domainemoral des divinités religieuses naturistes ? C’est seulement la religion des GAthâs dont Bousset a dit que, sous sa forme la plus pure elle est au même rang que la religion juive ellemême (1). L’exagération est flagrante, car, si les Gâthâs tendent au monothéisme, elles ne le proclament pas ouvertement. Mais enfin des deux côtés on trouve un même élan vers le bien, un appel à la justice, une foi invicible dans le jugement de Dieu, une tendance à user d’abstractions théologiques (2).

Un Perse d’un grand génie religieux s’est élevé à ces hauteurs, mais peut-on parler de la religion de tout un peuple, quand les Gâthâs sont si visiblement la prédication d’une réforme ? Et si cette réforme a d’abord échoué dans son pays, du moins en grande partie, comment ses effets se seraient-ils fait sentir en Israël ? Où est le point de contact ? Nous assistons ici à une étrange volte-face de la critique. Elle ne s’arrête pas à ce contact, qu’on croirait tout indiqué, des Perses avec leurs sujets juifs. Elle prétend que le contact s’est établi à Babylone, après la conquête par les Perses. Il se fit là un mélange des conceptions iraniennes et babyloniennes, et Bousset affirme que « depuis l’exil, Babylone était le point central de la religion juive (3). Ce n’est pas exact. Depuis que les plus zélés des Juifs exilés étaient retournés à Jérusalem, la cité sainte fut seule le foyer de la religion. D’ailleurs a-t-on prouvé que la religion iranienne a gagné beaucoup de terrain à Babylone ? Les Perses, à cette haute époque, ne semblent pas avoir pratiqué le prosélytisme. Cyrus, vainqueur, restaure les sanctuaires de la Mésopotamie, loin d’y installer le culte du feu (4). En Égypte, il est vrai, Cambyze intervint brutalement contre les Apis, mais ses successeurs se gardèrent d’imiter sa folie (5). Où sont les traces iraniennes dans la religion de l’Égypte ? Si les astrologues de Chaldée ont été appelés des Mages, c’est que les Mages s’étaient faits leurs disciples, si bien que Zoroastre lui-même devint le type de cette caste discréditée. Puisqu’on tient à comparer au judaïsme la religion des Perses à l’état pur, il faudrait donc qu’elle se fût filtrée dans le syncrétisme qui régnait à Babylone. C’est chercher un refuge dans l’inconnu.

»

(i)

Op.L,p.481.

(2)

nie

pas l’existence de ces expressions avant Zoroastre. Mais l’emploi qu’il en fait suppose une réflexion théologique. C’est de cette sorte que la Torah fut regardée dans le rabbinisme comme un être divin préexistant, et que les musulmans se demandèrent si le Coran est créé ou incréé. De même Asa, « la bonne religionH, est devenue le principal assistant de Mazdâh. Et comme la déesse Vénus est devenue l’amour, la déesse Harvatat (boisson) a pu devenir la béatitude.

On ne

(3)BOUSSET-GRESS.,p.481.

(4) R. P. DHORME, Cyrus le

(5) Représentations

Grand ; RB.,

1912, p. 22 ss.

desAchéménides avec des divinités égyptiennes (MESSINA, p.

89).