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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/442

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Cumont, en affectant de ne pas prendre parti, souligne la difficulté : Lorsqu’on constate une ressemblance entre une croyance mazdéenne et «

une doctrine hellénique, on peut toujours se demander si c’est à la Perse ou à la Grèce que revient la priorité ou si l’une ou l’autre ne sont pas inspirées par les spéculations « des Chaldéens Qui des trois peuples a

imaginé d’abord telle ou telle conception ? Qui l’a développée ? Qui l’a définitivement formulée ? Dans la plupart des cas, il est impossible d’en décider (1).

Revenons enfin à la quadruple coïncidence qui a frappé Bousset, entre le Judaïsme et la religion des Perses. Il est aisé de constater qu’elle n’existe pas, si l’on n’envisage que les Perses contemporains du Judaïsme. La conflagration du monde n’est point une doctrine de l’Iran, et n’est même pas commune dans le Judaïsme, car la Sibylle appartient à l’Égypte. Dans l’ancien Iran, on craignait plutôt une catastrophe par le froid. Héraclite d’Éphèse (vie siècle) admettait cette conflagration, mais c’était une conséquence de son système sur le feu essentiel. La croyance en la rétribution est générale dès le vie siècle av. J.-C. Chez les Perses, le discernement des justes et des coupables se fait mécaniquement en passant ou en ne passant pas le pont de séparation (Çinvat). Voilà un trait caractéristique. Rien de semblable dans le Judaïsme. La fin du monde est envisagée, ou plutôt la transformation des choses en un monde meilleur, doctrine qui est déjà dans Isaïe, et qui n’est pas particulière aux Perses, sans aucun trait spécifique commun. La résurrection des corps est attestée chez les Juifs, mais elle n’est en termes exprès ni dans les Gàthâsr ni dans les attestations grecques anciennes. Le dualisme nous a paru appartenir au vieux fond de la religion de l’Iran. Si on rencontre très nettement, en Égypte et en Babylonie, en Grèce aussi, une lutte entre les puissances de lumière et celles des ténèbres, les dieux bons et intelligents et les puissances désordonnées, nulle part l’équilibre ne se maintient aussi longtemps qu’en Perse. Partout ailleurs les dieux ont triomphé à jamais depuis qu’ils ont organisé les forces du chaos. Mais n’est-ce pas aussi la situation du Judaïsme ? Et même il a réduit à l’impuissance les êtres monstrueux contre lesquels Dieu aurait eu à lutter (2). L’origine du péché sur la terre est due à la chute des anges (Hénvi, ss.). Le pouvoir de ceux-ci est devenu grand par la faute des hommes qui se sont laissé séduire et qui leur obéissent, mais, à proprement parler, la domination des anges-démons s’établit par le polythéisme et l’idolâtrie. C’est par là que Satan, chef des démons, exerce son pouvoir. M.

».

»

1

(1)Lesreligionsorientales.,4°éd.,p.371.

Léviathan, Ps. civ, 26 ; Job, m, 8 ; Is., xxvir, et dans Hén., LX, 7 ; 4 Esdras, xi, 49-52. (2)

t ;

— Rahab,

Ps. LXXXII, 11 ; Job, xxvi, 12 ;