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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/493

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de ces vertus de Dieu qui sont dans Philon, tantôt des attributs de Dieu, tantôt des énergies intermédiaires, mais qui n’apparaissent avec une personnalité distincte que dans le Logos, parole ou raison. Cependant, il faut décidément renoncer à cette compénétration du judaïsme palestinien par l’alexandrinisme. On ne voit nulle part comme dans ce cas à quel point les conceptions étaient différentes. Ou plutôt il y avait à Alexandrie des conceptions philosophiques appliquées à l’exégèse de l’Écriture, tandis qu’en Palestine on cherchait des expédients non pas pour renouveler l’aspect des rapports de Dieu avec le monde, mais simplement pour éviter au vulgaire d’interpréter trop grossièrement l’Écriture, d’aborder Dieu et même son nom sans un sentiment assez scrupuleux de révérence. C’est ce qu’ont bien montré M. Moore (1) et MM. Strack etBilberbeck, dont la monographie spéciale est définitive (2). Ce qui prouve bien que nous n’avons pas affaire à une spéculation philosophique, mais à une tournure de traducteurs, c’est que le Memra ne se trouve que dans les Targums. Si c’était une conception ou seulement un terme d’école, comment ne paraîtrait-il pas sous une forme hébraïque dans des traités qui ne sont pas postérieurs aux Targums les plus anciens, comme la Michna, la Tosephta, les premiers Midrachirn ? Non seulement ceux-ci l’évitent, mais, lorsque l’Ancien Testament semble se prêter à une personniifcation, en faisant de la Parole de Dieu son messager (3), les Targums n’emploient pas le mot Memra. Ils n’avaient donc aucune intention dogmatique, ce qui ressort encore de l’inconsistance de leur tantôt ils disent le Memra d’Adonaï ou, comme on imprime, le usage

Memra du nom (la.), tantôt ils désignent Dieu autrement. Le plus souvent Onqelos n’a pas recours au Memra, mais d’autre fois il l’emploie quand un autre Targum attribue l’action à Dieu. Aucun d’eux n’est conséquent avec lui-même.

Ce terme de Memra Adônaï ou Memra du nom, et non pas Memra de Iahvé, comme on dit ordinairement, se rattache au scrupule qui empêchait de prononcer le nom divin, sauf dans des cas déterminés (5). Le traducteur oral ou drogman devait prononcer Adonaï, « mon Seigneur au lieu de lahvé. Selon l’ingénieuse conjecture des deux savants, Adonaï, nom hébreu, pouvait paraître lui-même trop sacré ou trop mystérieux la parole d’Adonaï, par un sention employa donc une circonlocution

»

(1eHarvardTheological Review, XV (1922), 41-61, Intermecliaries inJewishTheology.

(2) Dans un Exkurs iiber denMemraJahves, t. II, 302-333. (3) Is., ix, 7 ; LX, 10 s. ; Ps. cvn, 20, etc. sauf sur Ps. CXLVII, 15. (4) m NIQIQ, où ’m est pour Dtfm. D’après Sir.-Bill., ce devrait être 11" à prononcer Adonaï.

(5)OTR.-BILL.,p.311.

(1) Déjà dans un

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