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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/492

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de la lumière de gloire, et la lumière une manifestation de l’habitation. C’est ce qu’a exprimé saint Jean (i, 14) : « Le Verbe. a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire ». Mais alors l’habitation n’est plus transitoire, au gré de celui qui va et vient elle est consommée par l’union de la nature divine à la nature humaine c’est le fondement de la mystique chrétienne. Le rabbinisme, d’après M. Abelson (1), admettait que l’homme soit divinisé, mais non pas que Dieu devienne homme. On le judaïsme a

ne voit pas comment il prouve sa première proposition toujours maintenu les distances. Dans le christianisme tout est réciproque ; c’est parce qu’il habite réellement dans l’humanité que Dieu la fait participer à sa nature. De cet examen nécessairement confus, puisque les textes sont précisément destinés à éviter des notions claires, on conclura que la Chekinah n’est ni Dieu, ni une hypostase intermédiaire, mais seulement une expression traditionnelle pour désigner une présence divine favorable, tendant à la personnification afin de ne pas nommer Dieu lorsqu’il paraîtrait répondre à la situation. Les rabbins n’ont doncnullement dérogé au dogme de son unité en plaçant entre Lui et l’homme une sorte d’intermédiaire, mais leur scrupule qui aboutit plus d’une fois à des locutions alambiquées n’est pas de nature à favoriser dans les âmes simples un sentiment d’intimité et d’union, et cela précisément dans le thème du rapprochement de Dieu vers ceux qu’il aime.

§

5. — La Parole ou le Verbe.

Plusieurs auteurs, après Weber (2), entre autres Bousset (3) et Bertholet (4), admettent encore que le Memra, « Parole ou « Verbe des interprètes araméens indique une sorte d’hypostase ou de personne, intermédiaire entre Dieu et les choses, surtout dans la création du monde, comme s’il eût été indigne de Dieu d’entrer en contact avec la matière, même en la créant. C’est la pensée de Philon, et l’on peut être tenté d’estimer qu’elle a pénétré en Palestine, lorsqu’on lit dans le Targum d’Onqelos Dt., XXXIII, 27) : « Le monde a été créé par ton Memra », ou dans le Targum d’Isaïe (XLVIII, 13) : « J’ai achevé la terre par mon Memra, et j’ai établi le ciel par ma vertu ». Loin que cette « vertu » qui est celle de Dieu soit un empêchement à regarder Memra comme une hypostase, le parallélisme suggérerait plutôt de l’entendre comme une

»

(1)Op.L,p.283.

(2)Jild.Theol.,2eéd.p.180s.

(3)Op.L,p.

(4)Op.L,p.

347.

395.

»