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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/99

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mise ainsi à la discrétion de la citadelle macédonienne et d’une attaque venue du dehors.

Il n’est pas dit que Judas ait souscrit à la capitulation ni qu'il ait accepté la promesse de la liberté religieuse. Il semble avoir été convaincu que la foi d’Israël ne serait assurée que par l’indépendance nationale. Sous le joug des Syriens on demeurait à la merci d’une intrigue dess juifs philhellènes, comme au temps de Jason et de Ménélas. La seule garantie de la liberté du culte était dans l’union des Juifs entre eux. Or ils étaient profondément divisés. Un grand nombre, surtout dans la haute classe et dans le sacerdoce, avait pris parti pour les usages grecs ; ils étaient même allés jusqu’à l’apostasie et avaient combattu dans les rangs des persécuteurs. Si le parti national l’emportait, ils avaient à craindre des représailles. Le moyen le plus sûr de se mettre à l’abri était de s’emparer du souverain pontificat, auquel le peuple était habitué à obéir ; même ils pourraient se servir du grand prêtre pour se débarrasser de Judas et de ses partisans. Judas n’avait pas cru devoir prendre la qualité de grand prêtre, et ce fut peut-être une faute. Les Syriens pouvaient en disposer librement.

Lysias parti en hâte pour lutter contre Philippe en avait facilement triomphé, ayant avec lui le roi, mais le souverain lui-même fut détrôné par un compétiteur, son cousin Démétrius, autrefois le véritable héritier de la couronne, et que son oncle Antiochus Épiphane avait supplanté. Démétrius s’était échappé de Rome et régnait maintenant. Les Juifs hellénisants se hâtèrent de lui proposer pour candidat au souverain sacerdoce Alkimos dont le nom grec indiquait assez les tendances, mais qu’on avait eu soin de choisir dans la race d'Aaron. Son parti se présenta comme fidèle à la monarchie syrienne. Judas seul troublait la paix : «Judas et ses frères ont fait périr tous tes amis, et nous ont expulsés de notre terre[1]. »

Démétrius se hâta de nommer Alkimos souverain pontife, et, sur sa requête assurément, le fit accompagner par Bacchidès, gouverneur de toute la région, avec mandat de venger ses partisans et de purger le pays de leurs adversaires. Le combat allait donc s’engager entre deux factions judéennes, dans des conditions défavorables pour Judas, car Démétrius maintenait la paix religieuse de Lysias. L’autel du dieu d’Israël ne fumerait que pour lui et par les soins d’un descendant d’Aaron. Les Juifs les plus fidèles, les Assidéens, jusque-là les plus fermes défenseurs de la cause de la loi, se dirent que l’investiture étrangère n’était point un empiétement sur leurs droits sacrés, mais bien un gage de tolérance et même

  1. I Macch., vi, 6.