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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/132

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les mille nuits et une nuit

nom ? » À ces paroles elles furent toutes les trois prises d’un tel rire qu’elles se renversèrent sur leur derrière, et s’écrièrent : « Ton zebb ! » Il dit : « Mais non ! » et prit de chacune d’elles une morsure. Elles dirent alors : « Ton outil ! » Il répondit : « Que non ! » et prit de chacune un pincement de sein. Et elles, étonnées, lui dirent : « Mais c’est bien ton outil, il est ardent ! c’est bien ton zebb, il est mouvementé ! » Et le portefaix chaque fois hochait la tête, puis les embrassait, les mordait, les pinçait et les serrait dans ses bras ; et elles riaient extrêmement. Elles finirent par lui demander : « Dis-nous donc son nom ! » Alors le portefaix réfléchit un instant, regarda entre ses cuisses, cligna de l’œil, et dit : « Ô mes maîtresses, voici les paroles que vient de me dire cet enfant qui est mon zebb :

« Mon nom est : le mulet puissant et non-châtré, qui broute et paît le basilic des ponts, se délecte à se rationner au sésame décortiqué, et se loge à l’auberge de mon père Mansour ! »

À ces paroles, elles se mirent à rire tellement qu’elles se renversèrent sur leur derrière. Puis on recommença à boire dans la même coupe jusqu’à l’approche de la nuit. Alors elles dirent au portefaix : « Maintenant tourne ton visage et va-t’en en nous faisant voir la largeur de tes épaules ! » Mais le portefaix s’écria : « Par Allah ! il est plus aisé à mon âme de sortir de mon corps qu’à moi de quitter votre maison, ô mes maîtresses ! Joignons cette nuit avec le jour qui vient de s’écouler, et demain chacun pourra s’en aller voir l’état de sa destinée sur