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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/221

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histoire du portefaix…
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soucoupes en jade et en jaspe fin et coloré ; les grains étaient contenus dans de petites tasses en or ; le sol était balayé et arrosé ; et les oiseaux bénissaient le Créateur. J’écoutais les voix de ces oiseaux, quand la nuit s’approcha ; et je me retirai ce jour-là.

Mais le lendemain, je sortis en hâte et j’ouvris la quatrième porte, avec la quatrième clef. Et alors, ô ma maîtresse, je vis des choses que même en songe un être humain ne pourrait jamais voir. Au milieu d’une grande cour, je vis une coupole d’une construction merveilleuse : cette coupole avait des escaliers en porphyre qui montaient pour arriver à quarante portes en bois d’ébène incrustées d’or et d’argent ; ces portes, dont les battants étaient ouverts, laissaient voir chacune une salle spacieuse ; chaque salle contenait un trésor différent, et chaque trésor valait plus que mon royaume tout entier. Je vis que la première salle était remplie de grands monceaux alignés de grosses perles et de petites perles, mais les plus grosses étaient plus nombreuses que les petites, et chacune était aussi grosse qu’un œuf de colombe et aussi brillante que la lune dans tout son éclat. Mais la seconde salle surpassait la première en richesse : elle était remplie, jusqu’au haut, de diamants, de rubis rouges, et de rubis bleus[1] et d’escarboucles. Dans la troisième, il y avait seulement des émeraudes ; dans la quatrième, des morceaux d’or naturel ; dans la cinquième, des dinars d’or de toute la terre ; dans la sixième, de l’argent vierge ; dans la septième, des dinars d’argent de toute la

  1. C’est-à-dire de saphirs.