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les mille nuits et une nuit

étoffes, continua à me faire son éloge et à me faire remarquer ses qualités ; et, moi, je lui répondis : « Je n’ai que faire de ces qualités et des éloges que tu m’en fais ! car notre but est d’acheter de lui ce dont nous avons besoin, puis de retourner à notre demeure. »

Lorsque nous eûmes choisi l’étoffe voulue, nous offrîmes au marchand l’argent du prix. Mais il refusa de toucher l’argent, et nous dit : « Pour aujourd’hui je n’accepte de vous autres aucun argent ; ceci est un cadeau pour le plaisir et l’honneur que vous me faites de venir à ma boutique ! » Alors, moi, je dis à la vieille : « S’il ne veut pas accepter l’argent, rends-lui son étoffe ! » Alors il s’écria : « Par Allah ! je ne prendrai rien de vous autres ! Tout cela est un cadeau de moi. Maintenant, en retour, accorde-moi, ô belle adolescente, un seul baiser, un seul ! Je considère ce baiser comme de plus haut prix que toutes les marchandises réunies dans ma boutique ! » Et la vieille lui dit en riant : « Ô beau jeune homme, tu es bien fou de considérer ce baiser comme une chose aussi inestimable ! » Puis elle me dit : « Ô ma fille, tu viens d’entendre ce que dit ce jeune marchand ! Sois tranquille, rien de fâcheux ne saurait t’arriver pour un petit baiser qu’il prendrait de toi, et toi, en retour, tu pourrais choisir et prendre selon ton désir parmi toutes ces étoffes précieuses ! » Alors je répondis : « Ne sais-tu pas que je suis liée par le serment ? » Et elle répliqua : « Laisse-le t’embrasser, mais, toi, ne parle pas et ne fais pas de mouvement : de la sorte tu n’auras rien à te reprocher. Et, de plus, tu reprendras cet argent, qui est le