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histoire du vizir noureddine…
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les mains. Pour cela, il leur porta une jolie aiguière en cuivre fort propre et leur versa de l’eau parfumée sur les mains, puis il leur essuya les mains avec une belle serviette en soie de couleur qu’il tenait suspendue à sa ceinture. Puis il les aspergea avec de l’eau de roses contenue dans un aspersoir d’argent qu’il gardait précieusement, pour les grandes occasions, sur l’étagère la plus élevée de la boutique. Et ce ne fut pas tout ! Il sortit un instant de la boutique pour revenir aussitôt en tenant à la main deux gargoulettes remplies de sorbet à l’eau de roses musquée, et leur offrit une gargoulette à chacun, et leur dit : « Veuillez ! Vous mettrez ainsi le comble à votre condescendance ! » Alors Agib prit la gargoulette et but, puis la passa à l’eunuque, qui but et la repassa à Agib, qui but et la repassa à l’eunuque, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’ils se fussent bien rempli le ventre et qu’ils fussent rassasiés comme jamais ils ne l’avaient été de leur vie. Après quoi, ils remercièrent le pâtissier et se retirèrent ce soir-là au plus vite, pour arriver aux tentes avant le coucher du soleil.

Arrivés aux tentes, Agib se hâta d’aller baiser la main à sa grand’mère et à sa mère Sett El-Hosn. Et la grand’mère l’embrassa et se rappela son fils Badreddine, et soupira beaucoup et pleura beaucoup. Après quoi elle récita ces deux strophes :

Si je n’espérais point que les objets séparés doivent un jour être réunis, de ma vie je ne t’aurais jamais plus espéré après ton départ !

Or, moi, je me fis ce serment de ne jamais en mon cœur mettre un autre amour que ton amour. Et Allah