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histoire du vizir noureddine…
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mortifiée jusqu’au sang, elle s’écria : « Ah ! menteur ! je te défie bien de nous apporter du plat de ton pâtissier ! c’est de ton invention tout ça ! Oui, je te permets d’aller nous chercher une porcelaine contenant de cette même composition ! Et d’ailleurs, si tu l’apportais, cela nous servirait du moins à faire la comparaison entre son travail et le mien ! Mon beau-frère sera juge ! » Et l’eunuque répondit : « Oui, certainement ! » Alors la grand’mère lui donna de la monnaie d’un demi-dinar et un bol de porcelaine vide.

L’eunuque sortit alors et finit par arriver à la boutique et dit au pâtissier : « Voici ! nous venons de faire un pari sur ton plat avec les gens de la maison qui, eux aussi, ont préparé un plat de grains de grenade. Donne-m’en donc pour un demi-dinar. Et surtout soigne-le bien et mets-y tout ton art. Sans cela, je vais encore manger de la bastonnade comme tout à l’heure ! Je t’assure que je suis encore tout fourbu ! » Alors Hassan Badreddine se mit à rire et dit : « Sois sans crainte ! Car ce plat que je vais te donner, il n’y a pas dans le monde une autre personne qui sache réussir le pareil, si ce n’est ma mère ! Et ma mère est maintenant dans des pays si éloignés… ! »

Puis Badreddine remplit la porcelaine de l’esclave avec très grand soin, et termina sa préparation en y ajoutant encore un peu de musc et d’eau de roses. Et l’eunuque prit la porcelaine et s’en revint rapidement vers les tentes. Alors la grand’mère d’Agib la prit et se hâta d’en goûter le contenu pour se rendre compte de son degré de saveur et de bonté. Mais à