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les mille nuits et une nuit

souhaita la paix et leur demanda la cause de leur stationnement en cet endroit. Et ils lui racontèrent l’histoire depuis le commencement jusqu’à la fin. Mais il n’y a aucune utilité à la répéter.

Sur ces entrefaites, un tourbillon de poussière se leva et une tempête souffla avec violence en s’approchant du milieu de la prairie. Puis, la poussière s’étant dissipée, le genni en question apparut, un glaive finement aiguisé à la main ; et des étincelles jaillissaient de ses paupières. Il vint à eux et, saisissant le marchand au milieu d’eux, il lui dit : « Viens, que je te tue comme tu as tué mon enfant, le souffle de ma vie et le feu de mon cœur ! » Alors le marchand se mit à pleurer et à se lamenter ; et aussi les trois cheikhs se mirent notoirement à pleurer, à gémir et à sangloter.

Mais le premier cheikh, le maître de la gazelle, finit par s’enhardir, et, embrassant la main du genni, il lui dit : « Ô genni, ô le chef des rois des genn et leur couronne, si je te raconte mon histoire avec cette gazelle, et que tu en sois émerveillé, en récompense tu me feras grâce du tiers du sang de ce marchand ! » Le genni dit : « Oui, certes, vénérable cheikh ! Si tu me racontes l’histoire, et que je la trouve extraordinaire, je t’accorderai en grâce le tiers de ce sang ! »