retirai les trois mille dinars de leur cachette. Et j’ouvris ma boutique, après avoir fait les visites nécessaires et les saluts d’usage ; et je fis de nouvelles emplettes de marchandises.
Lorsque vint la nuit je fermai ma boutique, et, en entrant dans ma maison, je trouvai ces deux chiens-ci attachés dans un coin. Quand ils me virent, ils se levèrent et se mirent à pleurer et à s’attacher à mes vêtements ; mais tout de suite accourut mon épouse qui me dit : « Ce sont là tes frères. » Je lui dis : « Mais qui a pu les mettre dans cet état ? » Elle répondit : « Moi ! J’ai prié ma sœur, qui est bien plus versée que moi dans les enchantements, et elle les mit dans cet état, dont ils ne pourront sortir qu’au bout de dix années. »
C’est pourquoi, ô puissant genni, moi, je vins en cet endroit-ci, car je me rends auprès de ma belle-sœur pour la prier de les délivrer, puisque voici déjà les dix années écoulées. À mon arrivée ici, je vis ce bon jeune homme, j’appris son aventure, et ne voulus point bouger avant d’avoir vu ce qui pouvait survenir entre toi et lui ! Et tel est mon conte. »
Le genni dit : « C’est vraiment un conte étonnant : aussi je t’accorde le tiers du sang en rachat du crime. »
Alors s’avança le troisième cheikh, le maître de la mule, et dit au genni : « Moi je te raconterai une histoire plus merveilleuse que celle des deux autres. Et tu m’accorderas en grâce le reste du sang en rachat du crime. » Le genni répondit : « Qu’il en soit ainsi ! »