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les mille nuits et une nuit

le vase. Alors la fumée se mit à monter jusqu’à ce qu’elle fût sortie complètement ; et elle devint un éfrit épouvantable de laideur quant à la figure. L’éfrit donna un coup de pied au vase et le jeta dans la mer. Lorsque le pêcheur vit le vase prendre le chemin de la mer, il fut certain indubitablement de sa propre perdition, il urina dans ses vêtements, et dit : « Ce n’est vraiment pas là un bon signe ! » Puis il essaya de se raffermir le cœur, et dit : « Ô éfrit, Allah le Très-Haut a dit : Il vous faut tenir le serment, car il vous en sera demandé compte ! Or, toi, tu m’as promis et juré que tu ne me trahiras pas. Si donc tu me trahis, Allah te punira, car Il est jaloux ! et, s’il est patient, Il n’est pas oublieux ; et, moi, je t’ai dit ce qu’a dit le médecin Rouiane au roi Iounane : Conserve-moi et Allah te conservera ! » — À ces paroles, l’éfrit se mit à rire, et marcha devant lui, et dit : « Ô pêcheur, suis-moi ! » Et le pêcheur se mit à marcher derrière sans trop croire à son salut, et ainsi ils sortirent complètement de la ville et la perdirent de vue, et montèrent sur une montagne, et descendirent dans une vaste solitude au milieu de laquelle se trouvait un lac. Alors l’éfrit s’arrêta et ordonna au pêcheur de jeter son filet et de pêcher ; et le pêcheur regarda dans l’eau et vit des poissons blancs, rouges, bleus et jaunes. À cette vue, le pêcheur s’émerveilla ; puis il jeta son filet, et, l’ayant retiré, il y vit quatre poissons, chaque poisson de couleur différente. À cette vue, il se réjouit, et l’éfrit lui dit : « Entre avec ces poissons chez le sultan et offre-les-lui, et il te donnera de quoi t’enrichir. Et maintenant, par Allah ! veuille