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les mille nuits et une nuit

bonté de tes plats ; car le sultan vient de recevoir un homme porteur de cadeaux ! » Ayant dit cela, le vizir s’en retourna après avoir fait toutes ses recommandations : et le roi lui ordonna de donner au pêcheur quatre cents dinars. Le vizir les lui ayant donnés, le pêcheur les mit dans le pan de sa robe, et revint à sa maison, près de son épouse, tout content et joyeux. Puis il acheta à ses enfants tout ce dont ils pouvaient avoir besoin. — Et voilà pour ce qui est du pêcheur !


Quant à ce qui est de la négresse, elle prit le poisson, le nettoya, et le rangea dans la poêle ; puis elle le laissa bien cuire sur un côté, et le tourna ensuite sur le second côté. Mais tout d’un coup le mur de la cuisine s’entr’ouvrit, et laissa entrer dans la cuisine une jeune fille à la taille élancée, aux joues pleines et lisses, aux qualités parfaites, aux paupières fardées de kohl noir, au visage gentil, au corps gracieusement penché ; elle avait sur la tête une écharpe de soie bleue, des boucles aux oreilles, des bracelets aux poignets, et aux doigts des bagues avec de précieuses pierreries ; et elle tenait à la main une baguette en bambou. Elle s’approcha et, enfonçant la baguette dans la poêle, elle dit : « Ô poisson, tiens-tu toujours ta promesse ? » À cette vue, l’esclave s’évanouit ; et la jeune fille répéta une seconde fois et une troisième fois sa question. Alors tous les poissons levèrent la tête de l’intérieur de la poêle et dirent :. « Oh, oui ! oh, oui ! » Puis ils entonnèrent en chœur cette strophe :