Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
les aventures de hassân al-bassri
17

sur la tête d’Abou-Ali, et il ne souhaite qu’une chose, c’est d’orner son esprit de ce qu’il ne connaît pas ! Aussi m’a-t-il dépêché vers toi, pour te demander, comme une faveur, de lui apprendre quelque conte nouveau dont il pourrait dulcifier les oreilles de notre roi ! Ainsi, par exemple, rien ne saurait le toucher davantage que d’apprendre de toi, si toutefois tu la connais, l’histoire qu’on nomme les « Aventures de Hassân Al-Bassri ! » Le cheikh répondit : « Sur ma tête et sur mes yeux ! ton souhait sera satisfait, et au delà, car cette histoire m’est connue, et je suis d’ailleurs le seul conteur à la connaître, sur la face de la terre ! Et il a bien raison de la chercher, ton maître Abou-Ali, car c’est certainement l’une des plus extraordinaires histoires qui soient, et elle m’a été racontée autrefois par un saint derviche, mort maintenant, qui la tenait d’un autre derviche, mort également. Et moi, pour reconnaître la générosité de ton maître, non seulement je vais te la raconter, mais te la dicter dans tous ses détails, depuis le commencement jusqu’à la fin. Seulement, à cette donation de ma part, je mets une condition expresse que tu t’engageras, par serment, à remplir, si tu veux avoir cette copie ! » Le mamelouk répondit : « Je suis prêt à accepter toutes les conditions, même en exposant au péril mon âme ! » Il dit : « Eh bien ! comme cette histoire est de celles qu’on ne raconte pas devant n’importe qui, et qu’elle n’est point faite pour tout le monde, mais seulement pour les personnes de choix, tu vas me jurer, en ton nom et au nom de ton maître, de ne jamais en dire un mot à cinq sortes de personnes : les ignorants, car ils ne