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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/117

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LES SÉANCES DE LA GÉNÉROSITÉ
ET DU SAVOIR-VIVRE

SALADIN ET SON VIZIR


Il m’est revenu, ô Roi fortuné, que le vizir du roi victorieux le sultan Saladin avait, lui appartenant, au nombre de ses esclaves favoris, un jeune garçon chrétien parfaitement beau qu’il aimait à l’extrême, et si gracieux que les yeux des hommes n’avaient jamais rencontré le pareil. Or, un jour qu’il se promenait avec cet enfant dont il ne pouvait se séparer, il fut remarqué par le sultan Saladin qui lui fit signe d’approcher. Et le sultan, après avoir jeté un regard charmé sur l’enfant, demanda au vizir : « D’où te vient ce jeune garçon ? » Et le vizir, un peu gêné, répondit : « De chez Allah, ô mon seigneur ! » Et le sultan Saladin sourit et dit, en continuant son chemin : « Voilà que maintenant, ô notre vizir, tu trouves le moyen de nous subjuguer par la beauté d’un astre et de nous rendre captif par les enchantements d’une lune ! »