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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/121

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les séances… (saladin et son vizir)
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juste, il leur dit : « Je veux tout de même faire la preuve de vos mensonges et calomnies, et laisser vos propres armes se retourner contre vous ! Je vais donc éprouver la droiture d’âme de mon vizir ! » Et il appela l’enfant en question, et lui demanda : « Sais-tu écrire ? » Il répondit : « Oui, ô mon seigneur ! » Il dit : « Prends alors un papier et un calam et écris ce que je vais te dicter ! » Et il dicta, comme venant en propre de l’enfant lui-même, la lettre suivante adressée au vizir :

« Ô mon ancien maître bien-aimé, tu sais, par les sentiments que tu dois toi-même éprouver à mon égard, la tendresse que j’ai pour toi et le souvenir que laissent en mon âme nos délices d’autrefois. C’est pourquoi je viens me plaindre à toi de mon sort actuel dans le palais, où rien ne réussit à me faire oublier tes bontés, surtout qu’ici la majesté du sultan et le respect que j’éprouve pour lui m’empêchent de goûter ses faveurs. Je te prie donc de trouver un expédient pour me reprendre au sultan, soit par un moyen soit par un autre. D’ailleurs le sultan jusqu’ici ne s’est point trouvé seul à seul avec moi, et tu me verras tel que tu m’as laissé ! »

Et cette lettre écrite, le sultan la fit porter par un petit esclave du palais, qui la remit au vizir en lui disant : « C’est ton ancien esclave, l’enfant chrétien, qui me charge de te remettre cette lettre de sa part. » Et le vizir prit la lettre, la regarda un moment et, sans même la décacheter pour la lire, écrivit ceci sur le revers :