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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/123

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les séances… (le tombeau des amants)
111

Il dit :

J’étais allé une année en pèlerinage à la Maison Sainte d’Allah. Et lorsque j’eus accompli tous mes devoirs de pèlerin, j’étais retourné à Médine, pour visiter encore une fois la tombe du Prophète — sur Lui la paix et la bénédiction d’Allah ! — Or, une nuit, comme j’étais assis dans un jardin, non loin de la tombe vénérée, j’entendis une voix qui chantait tout doucement dans le silence. Et, charmé, je tendis toute mon attention, et écoutant ainsi, j’entendis ces vers qu’elle chantait :

« Ô rossignol de mon âme qui exhales tes chants au souvenir de la bien-aimée !… Ô tourterelle de sa voix, quand répondras-tu à mes gémissements ?

Ô nuit ! Combien tu parais longue à ceux que tourmente la fièvre de l’impatience, à ceux que torturent les soucis de l’absence !

Ô lumineuse apparue, ne brillas-tu sur mon chemin comme un phare que pour disparaître et me laisser errant à l’aveugle, dans les ténèbres ? »

Puis ce fut le silence. Et je regardais de tous côtés pour voir celui qui venait de chanter cette tirade passionnée, quand apparut devant moi le propriétaire de la voix. Et, à la clarté qui tombait du ciel nocturne, je vis que c’était un adolescent beau à ravir l’âme et dont le visage était baigné de larmes. Et je me tournai vers lui et ne pus m’empêcher de m’écrier : « Ya Allah ! quel beau jeune homme ! » Et je tendis mes deux bras dans sa direction. Et il