LA SEPT CENT DIX-NEUVIÈME NUIT
Elle dit :
… Et durant tout le voyage, il ne la quittait pas un instant, et lui tenait compagnie, dans son palanquin, d’où il ne descendait que pour venir me favoriser d’une causerie, en toute amitié, confiance et gratitude. Et, moi, je me réjouissais en mon âme et me disais : « Te voilà devenu, ô Abdallah, pour toujours l’ami d’Otbah ! car tu as su, oubliant tes propres sentiments, toucher son cœur en l’unissant à Riya ! Un jour, n’en doute pas, ton sacrifice sera compensé, et au delà ! Et tu connaîtras, toi aussi, l’amour d’Otbah dans ce qu’il a de plus désirable et de plus exquis ! »
Or, nous n’étions plus qu’à une journée de marche de Médine, et, à la tombée de la nuit, nous nous étions arrêtés dans une petite oasis, pour nous reposer. Et la paix était complète ; et la lumière de la lune riait à la joie de notre camp ; et, sur nos têtes, douze palmiers, comme des jeunes filles, accompagnaient du froissement de leurs palmes la chanson des brises de nuit. Et nous, comme les auteurs du monde aux jours anciens, nous jouissions de l’heure pleine de quiétude, de la fraîcheur de l’eau, de l’herbe grasse et de la douceur de l’air. Mais, hélas !