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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/142

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les mille nuits et une nuit

dans leur virginité, à des prix exorbitants, pour qu’il se les mit sous la dent, avait fini par épuiser complètement les immenses trésors accumulés, depuis des siècles, par les sultans et les conquérants, ses aïeux. Et son vizir vint un jour, après avoir embrassé la terre entre ses mains, lui annoncer que les coffres de l’or étaient à sec et que les fournisseurs du palais n’étaient pas payés pour le lendemain ; et, lui ayant annoncé cette mauvaise nouvelle, il se hâta, par crainte du pal, de s’en aller comme il était venu.

Lorsque le jeune sultan Zein eut appris de la sorte que toutes ses richesses étaient consumées, il se repentit de n’avoir pas eu la pensée d’en réserver une partie pour les jours noirs de la destinée ; et il s’attrista en son âme à la limite de la tristesse. Et il se dit : « Il ne te reste plus, sultan Zein, qu’à t’enfuir d’ici en cachette et, abandonnant à leur sort tes favoris tant aimés, tes concubines adolescentes, tes femmes et les affaires du gouvernement, à laisser le trône déchu du royaume de tes pères à qui veut s’en emparer. Car il est préférable d’être un mendiant sur le chemin d’Allah qu’un roi sans richesses et sans prestige, et tu connais le proverbe qui dit : Il vaut mieux être dans le tombeau que dans la pauvreté ! » Et, pensant ainsi, il attendit la tombée de la nuit pour se déguiser et, sans être remarqué, sortir par la porte secrète de son palais. Et il se disposait à prendre un bâton et à se mettre en route, quand Allah le Tout-Voyant, le Tout-Entendeur, lui remit en mémoire les dernières paroles et recommandations de son père. Car son père, avant de mourir,