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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/214

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les mille nuits et une nuit

toi, fais bien attention, Aladdin ! tu prendras cette lampe, tu l’éteindras, tu en verseras l’huile par terre, et tu la cacheras bien vite dans ton sein ! Et ne crains point de salir ta robe, car cette huile que tu auras jetée n’est pas de l’huile, mais un tout autre liquide qui ne laisse aucune trace sur les vêtements. Et tu reviendras vers moi, par le même chemin que tu auras suivi ! Et, au retour, tu pourras t’arrêter un peu dans le jardin, s’il te plaît, et cueillir autant que tu voudras des fruits de ce jardin. Et, une fois près de moi, tu me remettras la lampe, but et motif de notre voyage et cause de notre richesse et de notre gloire dans l’avenir, ô mon enfant ! »

Lorsque le Maghrébin eut ainsi parlé, il retira un anneau qu’il avait au doigt et le mit au pouce d’Aladdin, en lui disant : « Cet anneau, mon fils, te sauvegardera de tous les dangers et te préservera de tout mal. Enhardis donc ton âme, et remplis ta poitrine de courage, car tu n’es plus un enfant, mais un homme ! Et, avec l’aide d’Allah, il ne t’arrivera que du bien ! Et nous serons dans la richesse, grâce à la lampe, et dans les honneurs pour toute la vie ! » Puis il ajouta : « Seulement, encore une fois, Aladdin, fais bien attention de relever très haut ta robe et de la serrer tout contre toi ! sinon, tu es perdu, et le trésor avec toi ! »

Puis il l’embrassa, en lui donnant plusieurs petites tapes sur les joues, et lui dit : « Pars en sécurité ! »

Alors, Aladdin, extrêmement enhardi, descendit en courant les degrés de marbre, et, relevant sa robe jusque par-dessus sa ceinture, et la tenant bien