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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/216

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les mille nuits et une nuit

jardin. Et il se mit à considérer ces arbres dont il n’avait pas eu le temps de remarquer les fruits, à son arrivée. Et il vit, en effet, que les arbres de ce jardin pliaient sous le poids de leurs fruits, qui étaient extraordinaires de forme, de grosseur et de couleur. Et il vit que, contrairement aux arbres des vergers, chaque rameau de chacun des arbres portait des fruits de couleurs différentes. Il y en avait qui étaient blancs d’un blanc transparent comme le cristal, ou d’un blanc trouble comme le camphre, ou d’un blanc opaque comme la cire vierge. Et il y en avait qui étaient rouges, d’un rouge comme les grains de la grenade, ou d’un rouge comme l’orange sanguine. Et il y en avait qui étaient verts, d’un vert foncé et d’un vert tendre ; et d’autres qui étaient bleus et violets et jaunes ; et d’autres qui avaient des couleurs et des teintes d’une variété infinie. Et Aladdin, le pauvre, ne savait pas que les fruits blancs étaient des diamants, des perles, de la nacre et des pierres lunaires ; que les fruits rouges étaient des rubis, des escarboucles, des hyacinthes, du corail et des cornalines ; que les verts étaient des émeraudes, des béryls, des jades, des prases et des aigues-marines ; que les bleus étaient des saphirs, des turquoises, des lapis et des lazulites ; que les violets étaient des améthystes, des jaspes et des sardoines ; que les jaunes étaient des topazes, de l’ambre et des agates ; et que les autres, aux couleurs inconnues, étaient des opales, des aventurines, des chrysolithes, des cymophanes, des hématites, des tourmalines, des péridots, des jayets, et des chrysoprases ! Et le soleil tombait de tous ses rayons sur le jardin. Et les