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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/260

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les mille nuits et une nuit

Et Aladdin, en entendant ce que venait de lui annoncer sa mère, se trémoussa d’aise et de contentement et s’écria : « Glorifié soit Allah, ô mère, qui fait descendre Ses grâces sur notre maison et te donne pour fille une princesse du sang des plus grands rois ! » Et il baisa la main de sa mère, et la remercia beaucoup pour toutes les peines qu’elle s’était données dans la poursuite de cette affaire si délicate. Et sa mère l’embrassa tendrement et lui souhaita toutes sortes de prospérités et pleura en pensant que son époux le tailleur, père d’Aladdin, n’était plus là pour voir la fortune et les effets merveilleux de la destinée de son fils, le garnement d’autrefois !

Et, depuis ce jour, ils se mirent à compter, avec une impatience extrême, les heures qui les séparaient du bonheur qu’ils se promettaient, à l’expiration des trois mois. Et ils ne cessaient de s’entretenir de leurs projets et des fêtes et des largesses qu’ils comptaient donner aux pauvres, en songeant qu’hier encore ils étaient eux-mêmes dans la misère et que la chose la plus méritoire aux yeux du Rétributeur était, sans aucun doute, la générosité.

Or, deux mois s’écoulèrent de la sorte. Et la mère d’Aladdin, qui sortait tous les jours pour faire les achats nécessaires d’avant les noces, était allée, un matin, au souk et commençait à entrer dans les boutiques, en faisant mille emplettes, grandes et petites quand elle s’aperçut d’une chose qu’elle n’avait pas remarquée en arrivant. Elle vit, en effet, que toutes les boutiques étaient décorées et ornées de feuillage, de lanternes et de banderoles multicolores qui