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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/268

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les mille nuits et une nuit

qui lui avait été donné, vint de lui-même attendre le réveil du maître de la lampe. Et, comme il tardait à se réveiller, il poussa plusieurs exclamations qui épouvantèrent la princesse, qui n’avait pas le pouvoir de l’apercevoir. Et Aladdin ouvrit les yeux ; et, dès qu’il eut reconnu l’éfrit, il se leva d’à côté de la princesse, et alla un peu à l’écart, pour n’être entendu que de l’éfrit, et lui dit : « Hâte-toi d’aller tirer des cabinets le fils du vizir ; et reviens le déposer dans le lit, à la place qu’il occupait. Puis transporte-les tous deux dans le palais du sultan, à l’endroit même où tu les as pris. Et, surtout, surveille-les bien pour les empêcher de se caresser ou même de se toucher ! » Et l’éfrit de la lampe répondit par l’ouïe et l’obéissance, et se hâta d’aller d’abord retirer le morfondu jeune homme des cabinets et de le déposer sur le lit, à côté de la princesse, pour aussitôt, en moins de temps qu’il n’en faut pour battre des paupières, les transporter tous deux dans la chambre nuptiale, au palais du sultan, sans qu’ils pussent ni voir ni comprendre ce qui leur arrivait, ni par quel moyen ils changeaient si rapidement de domicile. Et d’ailleurs c’est ce qui pouvait leur arriver de mieux, car la seule vue de l’effroyable genni, serviteur de la lampe, les eut, sans aucun doute, épouvantés jusqu’à en mourir.

Or, à peine l’éfrit avait-il transporté les deux nouveaux mariés dans la chambre du palais, que le sultan et son épouse, impatients de savoir comment la princesse leur fille avait passé cette première nuit de noces, et désireux de la féliciter et d’être les premiers à la voir pour lui souhaiter le bonheur et