Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de kamar et de l’experte halima
101

étonné en voyant, comme si elle sortait de l’invisible, son amoureuse entrer dans sa chambre. Mais elle, après l’avoir comblé de caresses, lui découvrit le mystère de l’armoire, et, séance tenante, lui fit signe de remplir son office de coq. Et Kamar s’exécuta avec empressement et célérité, et mania sept fois de suite le bâton du pèlerinage. Après quoi, la jeune Halina, moite d’ardeur satisfaite, tira de son sein un poignard splendide appartenant à son époux le joaillier, qui l’avait travaillé lui-même avec le plus grand soin, et dont il avait orné la poignée de belles pierres précieuses ; et elle le remit à Kamar, en lui disant : « Mets ce poignard à ta ceinture, et rends-toi à la boutique d’Osta-Obeid, mon mari ; montre-lui le poignard et demande-lui s’il le trouve à sa convenance, et combien il vaut. Et il te demandera de qui tu le tiens ; alors dis-lui qu’en passant par le souk des armuriers, tu as entendu deux hommes qui parlaient ensemble, et dont l’un disait à l’autre : « Vois le présent que m’a fait mon amoureuse, qui me donne les objets appartenant à son vieux mari, le plus laid et le plus dégoûtant des vieux maris ! » Et ajoute que, l’homme qui parlait ainsi s’étant approché, tu as acheté le poignard. Quitte ensuite la boutique, et reviens en toute hâte à la maison, où tu me retrouveras dans l’armoire pour reprendre le poignard ! » Et Kamar, ayant pris le poignard, se rendit à la boutique du joaillier, où il joua le rôle que son amoureuse lui avait indiqué.

Lorsque le joaillier vit le poignard et entendit les paroles de Kamar, il fut dans un grand trouble, et il répondit par des mots entrecoupés comme un homme