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les mille nuits et une nuit

dont l’esprit est égaré. Et Kamar, voyant l’état du joaillier, sortit de la boutique et courut rapporter le poignard à son amoureuse qui l’attendait déjà dans l’armoire. Et il lui peignit l’état cruel et l’égarement où il avait laissé le joaillier, son mari.

Quant au malheureux Osta-Obeid, il courut, de son côté, à la maison, en proie aux tourments de la jalousie, et sifflant comme un serpent en fureur. Et il entra, avec les yeux hors de la tête, en s’écriant : « Où est mon poignard ? » Et Halima, de l’air le plus innocent, répondit avec de grands yeux interloqués : « Il est à sa place dans la cassette. Mais par Allah ! ô fils de l’oncle, je vois que tu as l’esprit égaré, et je me garderai bien de te le donner, de peur que tu ne veuilles en frapper quelqu’un ! » Et le joaillier insiste, jurant qu’il ne voulait en frapper personne. Alors, ouvrant la cassette, elle lui présenta le poignard. Et il s’écria : « Ô prodige ! » Elle demanda : « Qu’y a-t-il donc de surprenant ? » Il dit : « Je croyais avoir vu à l’instant ce poignard à la ceinture de mon jeune ami ! » Elle dit : « Par ma vie ! aurais-tu pu avoir quelques faux soupçons sur ton épouse, ô le plus indigne des hommes ! » Et le joaillier lui demanda pardon, et fit tous ses efforts pour apaiser sa colère.

Or, le lendemain, Halima, après avoir joué avec son amoureux une partie d’échecs en sept divisions, songea aux moyens d’amener le vieux joaillier à divorcer d’avec elle, et dit à Kamar ! « Tu vois que le premier moyen ne nous a pas réussi. Or, je vais m’habiller en esclave, et tu me conduiras à la boutique de mon mari. Et tu lèveras mon voile en lui