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les mille nuits et une nuit

coutumes des vrais Croyants. Et, d’ailleurs, elle était aidée dans son manège par la profession même qu’exerçaient ses deux maris, car l’un était voleur de nuit, et l’autre escamoteur de jour. Ce qui faisait que lorsque l’un rentrait le soir au logis, une fois sa besogne terminée, l’autre était déjà sorti à la quête de quelque travail conséquent. Quant à ce qui est de leurs noms, ils s’appelaient : le voleur Haram et l’escamoteur Akil.

Et les jours et les mois passèrent, et le voleur Haram et l’escamoteur Akil s’acquittaient avec excellence de leur métier de coq, dans la maison, et de renard, hors de la maison.

Or, un jour d’entre les jours, le voleur Haram, après que l’héritier de son père eut contenté la fille de l’oncle, encore plus excellemment que d’habitude, dit à la femme : « Une affaire de grande importance, ô femme, m’oblige à m’absenter pour quelque temps. Puisse Allah m’écrire la réussite, afin que je sois au plus tôt de retour près de toi ! » Et la femme répondit : « Le nom d’Allah sur toi et autour de toi, ô tête des hommes ! Mais que va devenir la malheureuse pendant l’absence de son gaillard ? » Et elle se désola beaucoup et lui dit mille paroles de regret, et ne le laissa partir qu’après les marques les plus chaudes de son attachement. Et le voleur Haram chargé d’un sac de provisions de bouche, que l’adolescente avait pris soin de lui préparer pour la route, s’en alla en sa voie, ravi et faisant claquer sa langue de contentement.

Or, il y avait à peine une heure de temps qu’il était parti quand rentra Akil l’escamoteur. Et le sort vou-