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histoire de la jambe de mouton
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même, auprès du palais du sultan, afin qu’il pût tenter, à son tour, quelque exploit qui ne fût pas trop indigne du merveilleux tour dont il venait d’être le témoin.

Aussi, à la tombée de la nuit, les deux associés étaient déjà au rendez-vous fixé. Et Haram dit à Akil : « Compagnon, tu es parvenu à rire de la barbe d’un Juif et de celle du kâdi. Or, moi, c’est au sultan lui-même que je veux m’adresser. Voici donc une échelle de corde au moyen de laquelle je vais pénétrer dans l’appartement du sultan ! Mais il faut que tu m’y accompagnes, pour être témoin de ce qui va se passer ! » Et Akil, qui n’était point habitué au vol mais simplement à l’escamotage, fut d’abord bien effrayé de la témérité de cette tentative ; mais il eut honte de reculer devant son associé, et l’aida à jeter l’échelle de corde au-dessus de la muraille du palais. Et ils y grimpèrent tous deux, descendirent du côté opposé, traversèrent les jardins, et s’engagèrent dans le palais même, à la faveur des ténèbres.

Et ils se glissèrent, à travers les galeries, jusqu’à l’appartement même du sultan ; et Haram, soulevant une portière, fit voir à son compagnon le sultan endormi, auprès duquel se trouvait un jeune garçon, qui lui chatouillait la plante des pieds…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.