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les mille nuits et une nuit

bien donner l’ordre de fouiller mon voleur, pour le convaincre de son vol ! »

Lorsque le kâdi eut entendu ce discours d’Akil, il ordonna aux gardes de fouiller le Juif. Et ils ne mirent pas longtemps pour trouver sur lui le sac en question. Et l’accusé, gémissant, soutint que le sac était sa propriété légitime. Et de son côté Akil assurait, avec force serments et injures à l’adresse du mécréant, qu’il reconnaissait parfaitement le sac qui lui avait été dérobé. Et le kâdi, en juge avisé, ordonna alors que chacune des parties déclarât ce qu’elle devait avoir déposé dans le sac en litige. Et le Juif déclara : « Il y a dans mon sac, ô notre maître, cinq cents dinars d’or, pas un de plus, pas un de moins, que j’y ai déposés ce matin ! » Et Akil s’écria : « Tu mens, ô chien des Juifs ! à moins que, contrairement à l’habitude de ceux de ta race, tu ne rendes plus que l’on ne t’a prêté ! Or, moi, je déclare qu’il n’y a dans le sac que quatre cent quatre-vingt-dix dinars, pas un de plus, pas un de moins. Et, en outre, un anneau en cuivre, qui porte mon cachet, doit s’y trouver renfermé, à moins que tu ne l’aies déjà enlevé ! » Et le kâdi ouvrit le sac, devant les témoins, et son contenu ne put que donner raison à l’escamoteur. Et aussitôt le kâdi remit le sac à Akil, et ordonna qu’on administrât sur-le-champ la bastonnade au Juif, que la stupéfaction avait rendu muet !

Lorsque le voleur Haram vit la réussite du tour d’adresse de son associé Akil, il le félicita et lui dit qu’il lui serait bien difficile de le surpasser. Il convint pourtant avec lui d’un rendez-vous pour le soir