Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/129

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LES CLEFS DU DESTIN


Il m’est revenu, ô Roi fortuné, que le khalifat Môhammad ben-Theiloun, sultan d’Égypte, était un souverain aussi sage et bon que son père Theiloun était cruel et oppresseur. Car, loin d’agir comme lui, en torturant ses sujets pour leur faire payer trois et quatre fois les mêmes impôts, et en leur faisant administrer la bastonnade pour les forcer à déterrer les quelques drachmes qu’ils enfouissaient dans la terre par crainte des percepteurs, il se hâta de faire renaître la tranquillité et de ramener la justice parmi son peuple. Et il employait les trésors que son père Theiloun avait amassés par la violence, à protéger les poètes et les savants, à récompenser les vaillants, et à venir en aide aux pauvres et aux malheureux. Aussi le Rétributeur fit tout réussir sous son règne béni : car jamais les crues du Nil ne furent aussi régulières et abondantes, jamais les moissons ne furent aussi riches et multipliées, jamais les champs de luzerne et de lupin ne furent aussi verts, et jamais les marchands ne virent affluer autant d’or dans leurs boutiques.