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les mille nuits et une nuit

Or, un jour d’entre les jours, le sultan Môhammad fit venir en sa présence tous les dignitaires de son palais pour les interroger, chacun à tour de rôle, sur leurs fonctions, leurs services passés, et la paie qu’ils recevaient du trésor. Car il voulait, de la sorte, contrôler par lui-même leur conduite et leurs moyens d’existence, en se disant : « Si je trouve quelqu’un avec un emploi pénible et une paie légère, je diminuerai sa charge et j’augmenterai ses appointements ; mais si j’en trouve un avec une paie considérable et un emploi facile, je diminuerai ses appointements et j’augmenterai son travail. »

Et les premiers qui se présentèrent entre ses mains furent ses vizirs, qui étaient au nombre de quarante, tous des vieillards vénérables, avec de longues barbes blanches et un visage marqué par la sagesse. Et ils portaient sur la tête des tiares enturbannées, enrichies de pierres précieuses ; et ils s’appuyaient sur de longues verges à bout d’ambre, signe de leur pouvoir. Puis vinrent les walis des provinces, les chefs de l’armée, et tous ceux qui, de près ou de loin, avaient à maintenir la tranquillité et à rendre la justice. Et, les uns après les autres, ils s’agenouillèrent et embrassèrent la terre entre les mains du khalifat, qui les interrogea longuement, et les rétribua ou les destitua, selon ce qu’il lui apparaissait de leurs mérites.

Et le dernier qui se présenta fut l’eunuque porte-glaive, exécuteur de la justice. Et bien qu’il fût gras, comme un homme bien nourri qui n’a rien à faire, il était bien triste d’aspect, et, au lieu de marcher fièrement, avec son glaive nu sur l’épaule, il avait la