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les clefs du destin
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MAIS LORSQUE FUT
LA SEPT CENT QUATRE-VINGT-NEUVIÈME NUIT

Elle dit :

… Et moi je pris le vêtement de la femme, et sortis pour aller le vendre, sur la chance de nos enfants. Et, comme je me dirigeais vers le souk, je rencontrai un Bédouin monté sur une chamelle rouge. Et le Bédouin arrêta soudain sa chamelle, en m’apercevant, la fit s’agenouiller, et me dit : « Le salam sur toi, ô mon frère ! Ne pourrais-tu pas m’indiquer la maison d’un riche marchand qui s’appelle le cheikh Hassân Abdallah, fils d’Al-Achar ? » Et moi, ô mon maître, j’eus honte de ma pauvreté, bien que la pauvreté, comme la richesse, nous vienne d’Allah, et je répondis, en baissant la tête : « Et sur toi le salam et la bénédiction d’Allah, ô père des Arabes ! Mais il n’y a point, que je sache, au Caire, d’homme du nom que tu viens de prononcer ! » Et je voulus continuer mon chemin. Mais le Bédouin sauta du dos de sa chamelle, et, prenant mes mains dans les siennes, me dit, sur le ton du reproche : « Allah est grand et généreux, ô mon frère ! Mais n’es-tu point le cheikh Hassân Abdallah, fils d’Al-Achar ? Et se peut-il que tu renvoies l’hôte qu’Allah t’envoie, en cachant ton nom ? » Alors, moi, à la limite de la confusion, je ne pus retenir