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les mille nuits et une nuit

du royaume, afin qu’ils aidassent à sa guérison. Et il ordonna aux scribes les plus habiles du palais d’écrire soigneusement, en lettres d’or, cette histoire extraordinaire, et de la conserver dans l’armoire du règne.

Après quoi, le khalifat, ne doutant pas de la vertu du Soufre rouge, voulut sans retard en expérimenter l’effet. Et il fit jeter et mettre en fusion dans de vastes chaudières en terre cuite, mille quintaux de plomb ; et il y mêla les quelques parcelles de Soufre rouge qui restaient au fond du coffret, en prononçant les paroles magiques que lui dicta le vénérable Hassân Abdallah. Et aussitôt tout le plomb se transmua en l’or le plus pur.

Alors le sultan, ne voulant pas que tout ce trésor fût dépensé en choses futiles, résolut de l’employer à une œuvre qui fût agréable au Très-Haut. Et il décida la construction d’une mosquée qui n’eût pas sa pareille dans tous les pays musulmans. Et il fit venir les architectes les plus renommés de son empire, et leur ordonna de tracer, sur ses indications, les plans de cette mosquée, sans s’arrêter aux difficultés de l’exécution, ni à l’idée des sommes d’argent qu’elle pourrait coûter. Et les architectes tracèrent, au pied de la colline qui domine la ville, un carré immense dont chaque face était tournée vers l’un des quatre points principaux du ciel. Et dans chaque angle ils placèrent une tour d’une proportion admirable, dont le sommet était orné d’une galerie et couronné d’un dôme d’or. Et sur chaque face de la mosquée, ils élevèrent mille pilastres qui supportaient des arceaux d’une courbe élégante et