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les clefs du destin
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gneur, me dit avec sévérité qu’il savait que je possédais le secret de l’alchimie, et qu’il fallait que, sur l’heure, je le lui révélasse et l’en fisse profiter. Mais moi, sachant, hélas ! que le khalifat Theiloun, oppresseur du peuple, emploierait la science contre la justice et pour le mal, je refusai de parler. Et le khalifat, à la limite de la colère, me fit charger de chaînes et jeter dans le plus noir des cachots. Et, en même temps, il fit saccager et détruire notre palais, de fond en comble, et s’empara du coffret d’or qui contenait le manuscrit en peau de gazelle et les quelques parcelles de la poudre rouge. Et il chargea de la garde du coffret, ce vénérable cheikh qui l’a apporté entre tes mains, ô roi du temps. Et tous les jours il me faisait mettre à la torture, espérant ainsi obtenir de la faiblesse de ma chair, l’aveu de mon secret. Mais Allah me donnait la vertu de patience. Et pendant des années et des années j’ai vécu de la sorte, attendant de la mort ma délivrance.

Et maintenant, ô mon seigneur, je mourrai consolé, puisque mon persécuteur est allé rendre compte à Allah de ses actions, et que j’ai pu approcher aujourd’hui du plus juste et du plus grand des rois ! »

Lorsque le sultan Môhammad ben-Theiloun eut entendu ce récit du vénérable Hassân Abdallah, il se leva de son trône et embrassa le vieillard, en s’écriant : « Louanges à Allah qui permet à son serviteur de réparer l’injustice et de calmer les maux ! » Et il nomma sur-le-champ Hassân Abdallah grand-vizir, et le revêtit de son propre manteau royal. Et il le confia aux soins des médecins les plus experts