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le diwân des facéties… (le baudet kâdi)
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également et, ramenant ses oreilles en arrière, i] se mit à renifler et à braire de joie. Mais le collecteur, fort offusqué de son outrecuidance, après tout ce qui était arrivé, recula en secouant ses mains, et s’écria : « Non, par Allah !. ce ne sera pas toi que j’achèterai, si j’ai besoin d’un baudet fidèle, car tantôt kâdi et tantôt baudet, tu ne peux vraiment faire mon affaire ! » Et il s’éloigna outré de l’audace de son baudet, qui osait l’inviter à l’emmener. Et il alla en acheter un autre, et se hâta de rentrer à sa maison pour le harnacher et le monter, après avoir raconté à son épouse tout ce qui venait de lui arriver.

Et, de la sorte, grâce à l’esprit plein de ressources de l’adolescente, épouse du collecteur, tout le monde fut satisfait, et nul ne fut lésé. Car si l’amoureux avait eu l’argent dont il avait besoin, le mari s’était procuré un meilleur baudet sans dépenser un drachme de sa poche, et le kâdi n’avait pas tardé à rentrer dans son argent en gagnant honnêtement, sur ses justiciables reconnaissants, le double de ce qu’il avait donné au collecteur.

Et c’est là, ô roi fortuné, tout ce que je sais au sujet du baudet kâdi. Mais Allah est plus savant !

Lorsque le sultan eut entendu cette histoire, il s’écria : « Ô bouche de sucre, ô le plus délicieux des compagnons, je te nomme mon grand-chambellan ! » Et il le fit revêtir sur l’heure des insignes de sa charge, et le fit asseoir plus près de lui, et lui dit ; « Par ma vie sur toi, ô mon grand-chambellan, tu dois certainement connaître encore une histoire. Et j’aimerais bien t’entendre me la raconter ! » Et le