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le diwân des facéties… (le kâdi avisé)
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au plus vite : « Qu’Allah confonde le Malin ! »

Et l’esclave, ce roué, voyant que la première affaire n’avait pas réussi, continua sa route, en se disant : « Ce moyen n’est pas bon. Nous allons en trouver un autre, car tout le monde connaît mon maître et me connaît ! » Et comme il réfléchissait à ce qu’il devait faire, il aperçut un serviteur qui portait sur sa tête un plateau où se trouvait une superbe oie farcie, et garnie tout autour de tomates, de courgettes et d’aubergines, le tout savamment arrangé. Et il suivit le porteur qui se dirigeait vers le four public pour y faire cuire l’oie ; et il le vit entrer et livrer le plateau au maître du four, en lui disant : « Je viendrai le prendre dans une heure ! » Et il s’en alla.

Alors l’esclave du kâdi se dit : « Voilà l’affaire ! » Et, au bout d’un certain temps, il entra au four, et dit : « Le salam sur toi, ya hagg Moustapha ! » Et le maître du four reconnut l’esclave du kâdi, qu’il n’avait pas revu depuis longtemps, vu que dans la maison du kâdi il n’y avait jamais rien à envoyer au four ; et répondit : « Et sur toi le salam, ô mon frère, Moubarak ! D’où comme ça ? Il y a si longtemps que mon four ne flambe plus pour notre maître le kâdi ! Que puis-je aujourd’hui pour ton service, et que m’apportes-tu ? » Et l’esclave dit : « Rien de plus que ce que tu as déjà ; car je viens prendre l’oie farcie qui est au four ! » Et le fournier répondit : « Mais cet oie, ô mon frère, n’est pas à toi ! » Il dit : « Ne parle pas ainsi ô cheikh ! cette oie n’est pas à moi, dis-tu ? Mais c’est moi qui l’ai vue sortir de l’œuf, qui l’ai nourrie, qui l’ai égorgée, qui l’ai