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le diwân des facéties… (la leçon…)
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contre les propriétaires des puits et ceux qui descendent dans le puits et ceux qui puisent l’eau dans le puits. Et elle lui demanda : « Par Allah et par le Nabi ! que pouvais-tu faire au fond du puits ? » Et il répondit : « Tais-toi donc, ô maudite ! C’est seulement pour la bourse que j’y ai laissé tomber ce matin ! Au lieu de me poser des questions, tu ferais mieux de m’aider à sortir de là-dedans ! » Et la jeune femme, riant en son âme, car elle avait compris la vraie raison de la descente dans le puits, alla quérir les voisins qui vinrent retirer, au moyen de cordes, le malheureux Ahmad qui ne pouvait remuer, tant le coup du seau lui avait été pénible. Et il se fit porter dans son lit, sans rien dire, sachant qu’il était bien plus prudent, en la circonstance, de taire son ressentiment. Et il se sentait fort humilié, non seulement dans sa dignité, mais surtout dans son expérience des femmes et sa connaissance de leurs malices. Et il résolut bien d’être plus circonspect la prochaine fois, et se mit à réfléchir sur les moyens à employer pour surprendre la maligne.

Aussi, lorsqu’au bout d’un certain temps il put se lever, il n’eut plus d’autre soin que de se poster à l’affût de sa vengeance. Et, un jour qu’il était caché dans un coin de la rue, il aperçut son ami Mahmoud qui venait de se glisser dans la maison, dont la porte entrebâillée fut aussitôt fermée après qu’il fût entré. Et il se précipita et se mit à frapper à coups redoublés sur la porte…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vît apparaître le matin et, discrète, se tut.