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les mille nuits et une nuit

convinrent que leur absence durerait un an, pas un jour de plus, pas un jour de moins. Et ils se donnèrent rendez-vous au même khân, pour le retour, à la condition que le premier qui arriverait attendrait ses frères, afin qu’ils pussent tous trois se présenter ensemble devant le sultan, leur père. Et, leur repas terminé, ils se lavèrent les mains ; et, après s’être embrassés et souhaité réciproquement un heureux retour, ils remontèrent à cheval, et chacun d’eux prit un chemin différent.

Or le prince Ali, qui était l’aîné des trois frères, après trois mois de voyage à travers les plaines et les montagnes, les prairies et les déserts, arriva dans un pays de l’Inde maritime, qui était le royaume de Bischangar. Et il alla se loger dans le grand khân des marchands, et retint la plus vaste et la plus propre des pièces, pour lui et pour son esclave. Et, dès qu’il se fut reposé des fatigues du voyage, il sortit pour examiner la ville qui avait trois enceintes, et qui était large de deux parasanges en tous sens. Et il se dirigea sans retard vers le souk, qu’il trouva admirable, formé qu’il était de plusieurs grandes rues qui aboutissaient à une place centrale, avec un beau bassin de marbre au milieu. Et toutes ces rues étaient voûtées et fraîches et bien éclairées par les ouvertures percées dans leur haut. Et chaque rue était occultée par des marchands d’une espèce différente, mais chacune d’elles réunissait le même corps de métiers. Car dans l’une on ne voyait que les toiles fines des Indes, les étoffes peintes de couleurs vives et pures avec des dessins représentant des animaux, des paysages,