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histoire de la princesse nourennahar…
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des forêts, des jardins et des fleurs, les brocarts de la Perse et les soies de la Chine ; tandis que dans une autre on voyait les belles porcelaines, les faïences brillantes, les vases aux belles formes, les plateaux ouvragés et les tasses de toutes grandeurs ; alors que dans celle d’à côté on voyait les grands châles du Cachemire qui, une fois pliés, pouvaient tenir dans le creux de la main, tant leur étoffe était fine et délicate ; les tapis de prière, et d’autres tapis de toutes les tailles ; et, plus vers la gauche, fermée des deux côtés par des portes d’acier, la rue des joailliers et des bijoutiers, étincelante de pierreries, de diamants, et d’ouvrages en or et en argent, d’une prodigieuse profusion. Et, en se promenant à travers ces souks éblouissants, il remarqua avec surprise que dans cette foule d’Indiens et d’Indiennes, qui se pressaient aux devantures des boutiques, les femmes du peuple elles-mêmes portaient des colliers, des bracelets et des ornements aux jambes, aux pieds, aux oreilles et même au nez ; et que plus le teint des femmes était blanc, plus leur rang était élevé et plus leurs bijoux étaient précieux et splendides, bien que le teint noir des autres eût cet avantage de faire mieux ressortir l’éclat des joyaux et la blancheur des perles.

Mais ce qui surtout charma le prince Ali, ce fut le grand nombre de jeunes garçons qui vendaient des roses et des jasmins, et l’air engageant avec lequel ils offraient ces fleurs, et la fluidité avec laquelle ils traversaient la foule toujours compacte dans les rues. Et il admira la prédilection singulière des Indiens pour les fleurs, qui allait si loin que non