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histoire de la princesse nourennahar…
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d’or le tapis ! Le tapis de prière, ô acheteurs, à trente mille dinars d’or ! Qui achètera ne perdra pas ! »

En entendant cette criée, te prince Ali se dit : « Quel pays prodigieux ! un tapis de prière à trente mille dinars d’or, voilà une chose dont je n’avais jamais entendu parler ! Mais peut-être que ce crieur veut plaisanter ? » Puis voyant que le crieur répétait son cri, en se tournant de son côté d’un air convaincu, il lui fit signe d’approcher et lui dit de lui montrer le tapis de plus près. Et le crieur étala le tapis, sans dire un mot ; et le prince Ali l’examina longuement, et finit par dire : « Ô crieur, par Allah ! je ne vois point en quoi ce tapis de prière peut valoir le prix exorbitant auquel tu le cries ! » Et le crieur sourit et dit : « Ô mon maître, ne te hâte point de t’étonner de ce prix, qui n’est point excessif en comparaison du prix réel qu’il vaut ! Et, d’ailleurs, ton étonnement sera bien plus grand lorsque je t’aurai dit que j’ai ordre de faire monter ce prix jusqu’à quarante mille dinars d’or, et de ne livrer le tapis qu’à celui qui me paiera cette somme au comptant ! » Et le prince Ali s’écria ; « Certes, ô crieur, il faut, par Allah ! que ce tapis, pour valoir un tel prix, soit admirable par quelque endroit que j’ignore ou que je ne distingue pas…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le malin et, discrète, se tut.