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histoire de la princesse nourennahar…
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souks et ses promenades à travers la ville de Bischangar.

Et il put, de la sorte, admirer les curiosités véritablement singulières de ce pays de l’Inde. Entre autres choses remarquables, il vit, en effet, un temple d’idoles tout en airain, avec un dôme, posé sur une terrasse, haut de cinquante coudées, et gravé, et coloré de trois rangs de peintures fort vives, et d’un goût délicat ; et tout le temple était orné de bas-reliefs, d’un travail exquis, et de dessins entrelacés ; et il était situé au milieu d’un vaste jardin planté de roses et d’autres fleurs belles à sentir et à regarder. Mais ce qui faisait le principal attrait de ce temple d’idoles — qu’elles soient confondues et brisées ! — c’était une statue d’or massif, de la hauteur d’un homme, dont les yeux étaient deux rubis mobiles et arrangés avec tant d’art qu’ils semblaient des yeux vivants et qu’ils regardaient celui qui était devant eux, en suivant tous ses mouvements. Et, le matin et le soir, les prêtres des idoles célébraient dans le temple les cérémonies de leur culte mécréant, et les faisaient suivre de jeux, de concerts d’instruments, de tours de baladins, de chants d’almées, de danses de ballerines et de festins. Et ces prêtres ne subsistaient d’ailleurs que par les offrandes que la foule des pèlerins leur apportait continuellement du fond des pays les plus éloignés.

Et le prince Ali, durant son séjour à Bischangar, put encore être spectateur d’une grande fête qui se célébrait tous les ans, dans ce pays, et à laquelle assistaient les walis de toutes les provinces, les chefs de l’armée, les brahmes, qui sont les prê-