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les mille nuits et une nuit

tres des idoles et les chefs du culte mécréant, et une foule innombrable de peuple. Et toute cette assemblée se tenait dans une plaine immense, dominée par un bâtiment d’une hauteur prodigieuse, qui abritait le roi et sa cour, soutenu par quatre-vingts colonnes et peint au dehors de paysages, d’animaux, d’oiseaux, d’insectes et même de mouches et de moucherons, et le tout au naturel. Et, à côté de ce grand bâtiment, il y avait trois ou quatre estrades d’une étendue considérable, où était assis le peuple. Et tous ces bâtiments avaient cela de singulier qu’ils étaient mobiles et qu’on les transformait d’heure en heure, en les changeant de face et de décoration. Et le spectacle commença par des tours de jongleurs, d’une ingéniosité extrême, et par des jeux d’escamoteurs et des danses de fakirs. Puis on vit s’avancer, en ordre de bataille, rangés à peu de distance les uns des autres, mille éléphants harnachés somptueusement et chargés chacun d’une tour carrée en bois doré, avec des baladins et des joueuses d’instruments dans chaque tour. Et la trompe de ces éléphants et leurs oreilles étaient peintes de vermillon et de cinabre, leurs défenses étaient entièrement dorées, et sur leurs corps étaient dessinées, en couleurs vives, des figures chargées de milliers de jambes et de bras, dans des contorsions effrayantes ou grotesques. Et lorsque cette troupe formidable fut arrivée devant les spectateurs, deux éléphants, qui n’étaient point chargés de tours, et qui étaient les plus gros du millier, sortirent des rangs et s’avancèrent jusqu’au milieu du cercle formé par les estrades. Et l’un d’eux, au son des instruments,