Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de la princesse nourennahar…
277

se mit à danser en se tenant debout tantôt sur ses deux pieds et tantôt sur ses deux mains. Puis il grimpa avec dextérité jusqu’au sommet d’un poteau enfoncé perpendiculairement, et, y posant sur l’extrémité ses pieds et ses mains à la fois, se mit à battre l’air de sa trompe et à faire sauter ses oreilles et à mouvoir sa tête en tous sens, au rythme des instruments, tandis que le second éléphant, juché sur l’extrémité d’une autre poutre, posée horizontalement par son milieu sur un support, et son poids contrebalancé par une pierre d’une grosseur prodigieuse placée sur l’extrémité opposée, était en train de se balancer tantôt en s’élevant et tantôt en descendant, alors qu’avec sa tête il marquait la cadence de la musique.

Et le prince Ali fut émerveillé de tout cela, et de bien d’autres choses encore. Aussi, ce fut avec un intérêt croissant qu’il se mit à étudier les habitudes de ces Indiens, si différents des gens de son pays, et qu’il continua ses promenades et ses visites aux marchands et aux notables du royaume. Mais bientôt, comme il était continuellement tourmenté par son amour pour sa cousine Nourennahar, et quoique l’année ne fût pas écoulée, il ne put rester plus longtemps éloigné de son pays, et résolut de quitter l’Inde pour se rapprocher de l’objet de ses pensées, persuadé qu’il serait plus heureux en ne se sentant pas séparé de lui par une si grande distance. Et, après que son esclave eut réglé au portier le prix de la chambre, il s’assit avec lui sur le tapis enchanté, et se recueillit en lui-même, souhaitant sérieusement d’être transporté au khân des trois chemins. Et, comme il ouvrait les yeux qu’il avait fermés un ins-