Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
292
les mille nuits et une nuit

fants : Comme vous avez encore du temps jusqu’à la nuit, prenez chacun un arc et une flèche, et rendez-vous hors de la ville, au meidân qui sert pour les joutes des cavaliers, et je m’y rendrai avec vous. Et je déclare que je donnerai la princesse Nourennahar pour épouse à celui de vous qui aura tiré le plus loin ! » Et les trois princes répondirent par l’ouïe et l’obéissance. Et tous ensemble, suivis des nombreux officiers du palais, se rendirent au meidân.

Et le prince Ali, étant l’aîné, prit son arc et une flèche et tira le premier ; et le prince Hassan tira le second, et sa flèche alla tomber plus loin que celle de son aîné. Et le troisième qui tira, fut le prince Hôssein ; mais aucun des officiers placés de distance en distance, sur un très long parcours, ne vit tomber sa flèche, qui traversa les airs en ligne droite et se perdit dans le loin. Et on courut et on chercha ; mais malgré toutes les recherches, et quelque attention que l’on y apportât, il ne fut pas possible de retrouver la flèche.

Alors le sultan, devant tous ses officiers réunis, dit aux trois princes : « Ô mes fils, vous le voyez, le sort se prononce ! Bien qu’il apparaisse que c’est toi, ô Hôssein, qui aies tiré le plus loin, néanmoins tu n’es point le vainqueur, puisqu’il est nécessaire que la flèche soit trouvée, pour rendre la victoire évidente et certaine. Et je me vois dans l’obligation de déclarer vainqueur mon second fils Hassân, dont la flèche est tombée plus loin que celle de son aîné. Alors donc, ô mon fils Hassân, c’est toi, sans conteste, qui deviens l’époux de la fille de ton oncle, la princesse Nourennahar. Car telle est sa destinée ! »