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les mille nuits et une nuit

amants, qui est le jeu d’échecs sur le lit, en tenant compte de toutes les savantes combinaisons dont est susceptible ce jeu délicat.

Et au bout d’un mois de cette délicieuse vie-là, le prince Hôssein, qui avait déjà mis son épouse au courant de la promesse qu’il avait faite au sultan, son père, fut bien obligé d’interrompre leurs plaisirs, et de prendre congé de l’attristée gennia. Et équipé et habillé plus magnifiquement que la première fois, il monta sur son beau cheval, et se mit à la tête des fils des genn, ses cavaliers, pour aller rendre visite au sultan, son père.

Or, pendant son absence, lorsqu’il était parti la première fois du palais de son père, les conseillers favoris du sultan, qui jugeaient de la puissance du prince Hôssein et de ses richesses inconnues par les échantillons qu’il en avait fait paraître durant les trois jours qu’il avait passés au palais, ne manquèrent pas d’abuser de la liberté que le sultan leur donnait de lui parler, et de l’ascendant qu’ils avaient acquis sur son esprit, pour essayer de faire naître en lui des soupçons contre son fils, et lui faire croire, que le prince lui portait ombrage. Et ils lui représentèrent que la prudence la plus élémentaire lui commandait de savoir au moins en quel lieu se trouvait la retraite de son fils, et où il puisait tout l’or nécessaire pour des dépenses semblables à celles qu’il avait faites durant son séjour, et pour le faste dont il s’était plu à faire parade, uniquement dans l’intention, disaient-ils, de braver son père et de montrer qu’il n’avait pas besoin de ses libéralités ou de sa tutelle pour vivre en prince. Et ils lui dirent qu’il