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histoire de la princesse nourennahar…
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était à craindre qu’il ne se rendît populaire et ne soulevât les fidèles sujets contre leur souverain, pour le détrôner et se mettre à sa place.

Mais le sultan, bien que ces paroles l’eussent déjà quelque peu ému, ne voulut point croire que son fils Hôssein, son préféré, fût capable de comploter contre lui, en formant un dessein aussi perfide que celui-là. Et il répondit à ses conseillers favoris : « Ô vous dont la langue secrète le doute et la suspicion, ignorez-vous donc que mon fils Hôssein m’aime, et que je suis d’autant plus sûr de sa tendresse et de sa fidélité que je ne lui ai jamais donné le moindre sujet d’être mécontent de moi ? » Mais le plus écouté des favoris reprit : « Ô roi du temps, qu’Allah t’accorde une longue vie ! Mais crois-tu que le prince Hôssein ait si vite oublié ce qu’il croit être une injustice de ta part, en ce qui concerne la décision du sort au sujet de la princesse Nourennahar ? Et ne penses-tu pas, par ce qui en parait clairement, que le prince Hôssein n’a pas eu le bon esprit d’accepter avec soumission le décret du destin, au lieu d’imiter l’exemple de son frère aîné qui, plutôt que de se révolter contre la chose écrite, a préféré revêtir l’habit de derviche et aller se mettre sous la direction spirituelle d’un saint cheikh versé dans la connaissance du Livre ? Et puis, ô notre maître, n’as-tu pas déjà observé, avant nous, que, lors de l’arrivée du prince Hôssein, lui et ses gens sont frais, et leurs habits et les ornements et les housses de leurs chevaux ont le même éclat que s’ils ne faisaient que de sortir de la main de l’ouvrier ? Et n’as-tu pas remarqué que les chevaux eux-mêmes ont le poil