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farizade au sourire de rose
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leur dit : « Ô mes frères ! » et n’osa, toute honteuse de son premier désir, en dire davantage. Et ils lui dirent : « Ô Farizade au sourire de rose, ô notre sœur, quels émois inconnus troublent ainsi ton âme ? Mais raconte-nous tes peines, si tu ne doutes pas de notre amour ! » Et Farizade, se décidant enfin à parler, leur dit : « Ô frères miens, je n’aime plus mes jardins ! » Et elle fondit en larmes, et les perles ruisselèrent de ses yeux. Et, comme ils se taisaient, anxieux, et attristés d’une nouvelle si grave, elle leur dit : « Ô ! je n’aime plus mes jardins ! Il y manque l’Oiseau-Parleur, l’Arbre-Chanteur et l’Eau Couleur-d’Or ! »

Et Farizade se laissant soudain aller à l’intensité de son désir, raconta tout d’un trait, à ses frères, la visite de la bonne vieille, et leur expliqua, d’un ton excité à l’extrême, en quoi consistait l’excellence de l’Oiseau-Parleur, de l’Arbre-Chanteur et de l’Eau Couleur-d’Or.

Et ses frères, l’ayant écoutée, furent à la limite de l’étonnement, et lui dirent : « Ô notre sœur bien-aimée, calme ton âme et rafraîchis tes yeux. Car ces choses seraient sur l’inaccessible sommet de la montagne Kaf, que nous irions te les conquérir. Mais, pour nous faciliter les recherches, peux-tu seulement nous dire en quel lieu on peut les trouver ? » Et Farizade, toute rougissante d’avoir ainsi exprimé son premier désir, leur expliqua ce qu’elle savait au sujet de l’endroit où devaient ces choses se trouver. Et elle ajouta : « C’est là tout ce que je sais, et rien de plus ! » Et ils s’écrièrent tous deux à la fois : « Ô notre sœur, nous allons partir à leur recherche ! »