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les mille nuits et une nuit

Mais elle leur cria, effarée : « Oh, non ! oh, non ! Ne partez pas ! » Et Farid, l’aîné, dit : « Ton désir est sur notre tête et sur nos yeux, ô Farizade. Mais c’est à moi l’aîné de le réaliser. Mon cheval est encore sellé, et me conduira sans faiblir vers les frontières de l’Inde, là où se trouvent ces trois merveilles que je t’apporterai, si Allah veut ! » Et il se tourna vers son frère Farouz et lui dit : « Toi, mon frère, tu resteras ici pour veiller, pendant mon absence, sur notre sœur. Car il ne convient pas que nous la laissions toute seule dans la maison ! » Et il courut à l’heure même vers son cheval, sauta sur son dos et, se baissant, il embrassa son frère Farouz et sa sœur Farizade, qui lui dit, tout éplorée : « Ô notre grand, de grâce ! laisse là un voyage plein de dangers, et descends de cheval. J’aime mieux, plutôt que de souffrir de ton absence, ne jamais voir ni posséder l’Oiseau-Parleur, l’Arbre-Chanteur et l’Eau Couleur-d’Or ! » Mais Farid lui dit, en l’embrassant encore : « Ô petite sœur mienne, laisse là tes craintes, car mon absence ne sera pas de longue durée et, avec l’aide d’Allah, il ne m’arrivera aucun accident ni rien de fâcheux pendant ce voyage. Et d’ailleurs, afin que l’inquiétude ne te tourmente pas durant mon absence, voici un couteau que je te confie ! » Et il tira de sa ceinture un couteau, dont la poignée était incrustée des premières perles tombées des yeux de Farizade enfant, et le lui remit en disant : « Ce couteau, ô Farizade, te renseignera sur mon état. De temps en temps tu le tireras de sa gaine, et tu en examineras la lame. Si tu la vois aussi nette et brillante qu’elle l’est en ce moment, ce sera une marque