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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/111

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histoire compliquée de l’adultérin…
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doute, cette bête serait le premier cheval de la terre, et nulle part on ne pourrait trouver son égale, si elle n’avait une tare que viennent de découvrir mes yeux, ô roi du temps ! »

Lorsque le sultan eut entendu cette description du cheval qu’il aimait, il fut d’abord émerveillé, surtout étant donné le simple regard négligemment jeté sur la bête par le généalogiste. Mais lorsqu’il eut entendu parler d’une tare, ses yeux flambèrent et sa poitrine se rétrécit et, d’une voix que la colère faisait trembler, il demanda au généalogiste : « Que dis-tu là, ô fourbe maudit ? Et que parles-tu de tare au sujet d’une bête si merveilleuse et qui est le dernier rejeton de la plus noble race d’Arabie ? » Et le généalogiste, sans s’émouvoir, répondit : « Du moment que le sultan s’émeut des paroles de son esclave, l’esclave ne dira plus rien ! » Et le sultan s’écria : « Dis ce que tu as à dire ! » Et l’homme reprit : « Je ne parlerai que si le roi m’en donne la liberté ! » Et le roi dit : « Parle donc, et ne me cache rien ! » Alors il dit : « Sache, ô roi, que ce cheval est d’une race pure et véritable, par son père, mais rien que par son père ! Quant à sa mère, je n’ose en parler ! » Et le roi, le visage convulsé, cria : « Qui donc est sa mère, hâte-toi de nous le dire ! » Et le généalogiste dit : « Par Allah, ô mon seigneur, la mère de ce cheval superbe est d’une race d’animal tout à fait différente. Car ce n’est pas une jument, mais une femelle de buffle marin ! »

À ces paroles du généalogiste, le sultan s’encoléra à la limite extrême de la colère et se tuméfia puis se dégonfla, et ne put d’abord prononcer un mot. Et il finit